Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/10

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Préface.

pouvoir espérer de s’instruire qu’à la longue, & par des siecles entiers consacrés à l’examen des objets qu’il vouloit connoître. Mais les premiers Philosophes ne prirent point un parti aussi sage ; ils voulurent expliquer, décider, rendre raison des phénomènes ; ils oserent même percer le voile de la nature, pour parvenir jusqu’aux premiers éiémens, ou pour remonter jusqu’à la formation primitive de ce grand Tout dont nous faisons partie. Ces efforts prématurés ne produisent que des chimères. Toute l’histoire de la Philosophie ancienne n’est guère qu’un tissu d’erreurs, un amas d’absurdités. Quelques lueurs se faisoient jour de tems en tems à travers ces ténèbres, mais elles ne suffisoient pas pour les dissiper, & pour montrer à l’Homme une route sûre qui le conduisît à la vérité. On seroit étonné de l’audace de Dogmatisme, si l’on ne connoissoit jusqu’où peut aller l’orgueil humain, lorsque l’ignorance & la crédulité lui laissent le champ libre.