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de l’Éditeur.

qu’il dit contre la causalité, repose sur un principe dont la fausseté est palpable. C’est qu’on ne peut jamais savoir qu’une chose existe, si l’on ne sait en même-tems, & si l’on ne peut distinctement expliquer sa maniere d’exister, ou comment elle existe. Cependant, il avoue lui-même (Essai VII.), que nous ne connoissons point la nature de l’ame, & que nous ne savons ce que c’est qu’une idée. Voudroit-il en conclure que nous n’avons point d’ame, ou que nous sommes destitués d’idées ?

Ce n’est pas-là le seul écart de M. Hume dans cette doctrine ; plusieurs autres de ses assertions répugnent au sens commun. Selon lui, par exemple, l’expérience ne nous fournit pas même des argumens dont la probabilité suffise pour nous persuader que les mêmes causes produisent les mêmes effets, ou, pour s’exprimer dans ses termes, que les événemens que nous avons toujours vû réunis, le seront encore dans la suite ; maniere de raisonner qu’il attribue toute entiere à l’habitude & à l’instinct.