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Essais

tachent l’idée du bien à une conduite bienfaisante & l’idée du mal à celle qui lui est opposée. Il faut convenir que la sympathie qui nous attache au bien-être des autres est un sentiment beaucoup plus foible que l’amour de notre propre bonheur, & l’intérêt que nous prenons aux personnes qui nous sont étrangeres est beaucoup moins vif que celui que nous prenons à ceux qui nous touchent de plus près ; c’est pour cela même qu’il faut en méditant paisiblement sur les divers caracteres des hommes, négliger toutes ces différences, rendre nos sentimens plus généraux & plus relatifs à la société entiere : souvent nous changeons nous-mêmes de positions à son égard, & de plus nous rencontrons tous les jours des personnes qui étant dans une situation différente de la nôtre ne pourroient plus converser avec nous si nous restions constamment dans la même position sans aucune révolution dans nos idées & dans notre conduite : ainsi le commerce mutuel de sentimens qui se fait dans la société & par la conversation nous oblige d’établir un modele général d’après lequel