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LE TRÉSOR DE BIGOT

Le vieillard reprit vite ses sens.

— C’est le malheur de ma famille qui fond sur nous, gémit-il faiblement. Il y avait $1,000.00 dans la petite chambre secrète du coffre-fort. Un cultivateur m’a apporté cette somme hier pour que je la place sur hypothèque. Ah ! Malheur ! Elle est sans doute disparue.

Madeleine courut au coffre-fort et ouvrit la petite porte de la chambre secrète. Elle poussa un soupir de soulagement. La liasse de billets de banque était toujours là.

Le vieillard les compta. Il y avait bien $1,000.00

Mais qu’avait donc volé l’inconnu ?

— Les deux petits bouts de parchemin, s’écria-t-elle soudain.

Le père et la fille fouillèrent le coffre-fort, repassèrent papier après papier.

Les deux petits bouts de parchemin étaient disparus.

Madeleine se rappela alors que le détective en avait copié un l’après-midi précédent. Celui qu’il avait copié était le seul important.

— Monsieur Laroche a-t-il prévu ce qui allait arriver cette nuit ? se demanda-t-elle.

Elle ne put s’empêcher de sourire en pensant que monsieur Laroche était un malin, une fine mouche, comme disaient les cultivateurs de St-Henri.

À ce moment des coups répétés se firent entendre à la porte.

Madeleine regarda à la fenêtre. C’était les voisins que les trois détonations avaient éveillés et qui accouraient.

Le notaire dit à Madeleine :

— N’oublie pas la recommandation que nous a faite monsieur Laroche. Pas un mot de ce qui vient de se passer.

Le père et la fille dirent aux quelques personnes qui attendaient que les voleurs avaient tenté de les dévaliser, mais qu’ils avaient réussi à les mettre en fuite avant qu’ils ne pussent s’emparer des $1,000.00

Le curé arrivait à ce moment. Après que les voisins se furent retirés, le père et la fille l’amenèrent dans le cabinet de travail. Là, le notaire lui relata le vol :

— Quand j’entendis l’explosion, finit-il, j’eus la conviction intime qu’on avait fait sauter mon coffre-fort. Je me rappelai ensuite la visite des deux inconnus, puis la disparition de l’un d’eux quand je revins avec la clef anglaise et je suis sûr maintenant qu’un des deux hommes est resté dans la place et que c’est celui-là qui a fait le coup.

Le téléphone sonna.

Madeleine se précipita :

— Allo, fit-elle. Ah ! c’est vous, monsieur Laroche. Oui, je vous ai appelé. On vient de faire sauter notre coffre-fort. Comment ! Vous vous en doutiez ! Oui, et le voleur a emporté les deux bouts de parchemin.

Madeleine raccrocha l’acoustique :

— Monsieur Laroche me dit qu’il sera ici à 9 heures ce matin et que ce cambriolage ne le surprend pas le moins du monde. Le curé et le notaire se regardèrent bouche bée.

— Hein ! Il est fort ! s’écria la jeune fille.

Le curé dit alors :

— Il n’a pas volé le qualificatif « fameux » que les journaux lui donnent toujours quand ils parlent de lui.

Madeleine pensa, pensa… Ce jeune détective était merveilleux. Ne ressemblait-il pas à ces preux du moyen-âge pour lesquels il n’y avait pas d’obstacles insurmontables.

Et Madeleine pensait toujours…


V

LES MYSTÉRIEUSES DISPARITIONS DE TRICENTENAIRE


À six heures, chaque matin, Jules Laroche était invariablement debout.

Cette nuit-là, bien que l’appel téléphonique de Madeleine eût coupé son sommeil, il se leva avant que la sonnerie de son réveille-matin annonçât six heures.

Tricentenaire couchait dans la chambre voisine.

Jules l’appela.

Point de réponse.

Ce que voyant le détective traversa dans l’autre chambre.

Elle était vide.

Le lit n’était seulement pas défait. Tricentenaire n’avait pas couché là.

Jules Laroche se gratta la tête.

Son secrétaire découchait maintenant.

— Voyons, résumons, se dit le jeune détective : Tricentenaire se fait dire des paroles mystérieusement menaçantes par son père hier après-midi sur le bateau. À St-Henri, je le surprends à causer avec un individu suspect que le curé croit reconnaître comme le quêteux qui a couché à son presbytère et a copié l’inscription du monument. Une demi-heure plus tard, Mademoiselle Morin trouve que Tricentenaire a une ressemblance frappante avec un autre quêteux qu’elle a hébergé et qui doit être le père Lacerte, car son fils lui ressemble beaucoup. Enfin, ce matin, je découvre que Tricentenaire a pas-