Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
X
AVANT-PROPOS

lisme, comme le seront peut-être le symbolisme et le psychologisme. Elle offre, plus simplement, sous l’inquiète lorgnette de l’actualité et dans le champ clos d’un journal, le spectacle, pour la première fois, Mesdames et Messieurs, d’artistes présentés en liberté et mal embou…lés, qu’on se le dise afin que n’en ignore la foule dont la férocité se complaît en toutes les arènes. Trouvera-t-on facile ma besogne de reporter-impressario ? J’assurerai qu’elle fut lassante, — au point que je n’ai pu suivre toutes les péripéties de la lutte. C’est qu’on ne se battait pas que dans l’arène, pour mon plaisir et le vôtre, on s’assommait jusque dans le torril, pour l’amour désintéressé des coups. C’est ainsi que M. Jean Moréas a, entre le commencement et la fin de mon Enquête, immolé ses maîtres et amis du symbolisme aux prémices de sa dernière-née, l’École Romane, tenue, m’assure-t-on, sur les fonts baptismaux d’un modeste concurrent du café Voltaire, l’église, jusqu’ici, de toutes les chapelles.

Mais cette déception d’un reporter haletant en vain après l’actualité n’est pas la seule dont il me plaise de convenir. À franc parler, elle n’est que la plus extrême de la série, et les métaphores de plus haut ne sont que l’aveu indirect de la défaite subie par moi. De mon programme, en effet, c’est à peine si j’ai pu suivre, oh ! pas toujours ! l’ordre des interviews. Quel, mon étonnement, quand j’ai