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Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/206

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ENQUÊTE

une fois dans cette boîte, jamais l’ombre d’une pensée mauvaise… Mes sens n’existent plus… » Expliquez cela ! Ils disent que c’est une grâce d’état. Quelle psychologie tenterait de nous la faire entendre !

… Mais pardon, dit-il en riant, il me semble que nous avons quitté le sujet qui vous amène ! Et on dirait que vous avez envie de me parler des symbolistes !

— Justement ! fis-je.

— Pourquoi faire ? Puisque ça n’existe pas… Vous croyez aux symbolistes, vous ? Moi, je crois que c’est une immense mystification montée par Anatole France pour embêter les Parnassiens, et par Barrès qui en a fait une bonne blague ! Ce n’est pas possible de croire Anatole France emballé là-dessus ! Voyons ! voyons ! Quelle fumisterie ! Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? Moréas ! qui a repris les anciens fabliaux français, et qui les a démarqués ! Savez-vous l’effet qu’il me fait ? Imaginez une poule (et encore ! une poule de Valachie) qui picorerait des verroteries dans le Lacurne de Sainte-Palaye (oui, c’est l’auteur d’un dictionnaire de la langue du moyen âge). Avec cela si, au moins, il picorait les jolis mots ! Mais non ! c’est qu’il a un goût de Caraïbe !

Il roula une cigarette, et se mit à rire :

— Ce rêve ! Faire du moderne avec la langue romane ! Quelle folie !… Enfin… n’en parlons plus !

— Mais si, au conlraire, parlons-en !