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histoire naturelle

trouva une relation du pongo et de l’engeco d’André Battell, Buffon tenta de faire concorder toutes ces données dans son chapitre intitulé : les Orangs-outangs ou le pongo et le jocko. À ce titre est jointe la note suivante :

« Orang-outang, nom de cet animal aux Indes orientales ; pongo, nom de cet animal à Lowando, province de Congo. Jocko, enjocko, nom de cet animal à Congo, que nous avons adopté. En est l’article que nous avons retranché. »

Ce fut ainsi que l’engeco d’Andrew Battell se transforma en jocko, et, sous cette dernière forme, se répandit par le monde en raison de l’immense popularité des ouvrages de Buffon. À eux deux, l’abbé Prévost et Buffon firent plus que de retrancher un article pour défigurer la sobre relation de Battell. Par exemple, l’assertion de Battell que les pongos ne peuvent parler et qu’ils n’ont pas plus d’intelligence qu’une bête est traduite par Buffon par la phrase « qu’il ne peut parler, quoiqu’il ait plus d’entendement que les autres animaux. » Ainsi encore l’affirmation de Purchas : « Il me dit dans une conversation que l’un de ces pongos prit un jeune garçon nègre qui lui appartenait et qui vécut un mois avec eux[1] » est reproduit dans la version française par : « Un pongo lui enleva un petit nègre, qui passa un an entier dans la société de ces animaux »

Après avoir cité la description du grand pongo, Buffon fait judicieusement remarquer que comme tous les jockos et les orangs apportés jusqu’ici en Europe étaient fort jeunes, il se pourrait qu’à l’état d’adultes ils fussent aussi gros que le pongo ou grand orang, de sorte que, provisoirement, il considère le jocko, l’orang et le pongo comme d’unis seule et même espèce. Ceci était tout ce que l’état

  1. He told me in a conference with him that one of these Pongos tooke a negro boy of his which lived a month with them.