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des singes anthorpomorphes

de la science permettait à cette époque ; mais comment il se fit que Buffon ne s’aperçut pas que le mandrill et son propre jocko étaient très-semblables et comment il confondit le premier avec une espèce aussi complètement différente que lui est le babouin à face bleue, voilà ce qu’il n’est pas aisé de comprendre.

Vingt ans plus tard, Buffon[1] modifia son opinion et exprima sa conviction que les orangs formaient un genre avec deux espèces : l’une de grande taille, le pongo de Battell et l’autre petite, le jocko ; il ajoute que celle-ci est l’orang des Indes orientales et que les jeunes animaux d’Afrique que lui et Tulpius ont observés sont simplement de jeunes pongos.

Entre temps, un naturaliste hollandais, Vosmaer, donna, vers 1778, une excellente description et le dessin d’un jeune orang qui avait été apporté vivant en Hollande, et son compatriote, le célèbre anatomiste P. Camper, publia (1779) sur ce singe un essai d’une valeur égale à celle du travail de Tyson sur le chimpanzé. Il disséqua plusieurs femelles et un mâle, que, d’après l’état de leurs squelettes et de leurs dents, il supposa provenir d’individus encore jeunes ; toutefois, en les jugeant d’après leurs analogies avec l’homme, il conclut qu’ils ne pouvaient atteindre, à l’âge adulte, plus de 4 pieds de hauteur ; de plus, il se montre très-positif quant à ses caractères distinctifs, spécifiques de l’orang des Indes orientales.

« L’orang, dit-il, diffère non-seulement du « pygmy » de Tyson et de l’orang de Tulpius par sa couleur particulière et par ses longs orteils, mais aussi par toute sa configuration extérieure ; ses bras, ses mains et ses pieds sont longs, tandis qu’au contraire ses pouces sont beaucoup

  1. Buffon, Histoire naturelle, supplément, t VII, 1789.