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des singes anthorpomorphes

(car depuis longtemps j’offrais aux naturels plus de cent ducats pour un orang-outang haut de 4 à 5 pieds) un orang dont j’entendis parler ce matin vers huit heures. Longtemps nous fîmes de longs efforts pour prendre vivante cette terrible bête au milieu de l’épaisse forêt qui est à mi-chemin de Landak. Dans notre désir de ne point la laisser nous échapper, nous oubliâmes même de manger. Cependant il était nécessaire de se mettre en garde, car elle brisait continuellement de lourdes pièces de bois et des branches vertes et les lançait sur nous. Ce jeu dura jusqu’à quatre heures de l’après-midi ; nous nous déterminâmes alors à faire feu. J’y réussis très-bien, mieux en vérité que je ne le fis jamais auparavant d’un bateau, car la balle entra par le côté de la poitrine, de sorte qu’elle ne produisit pas beaucoup de désordres. Nous amenâmes l’orang dans la barque, encore vivant, et nous le garrottâmes solidement. Le lendemain matin, il mourut de ses blessures. Tout Pontania vint à bord pour le voir quand nous arrivâmes, Palm le représente comme ayant de la tête au talon 49 pouces de hauteur (1m,23).

Un officier allemand très-intelligent, le baron von Wurmb, qui, à cette époque, occupait un emploi au service des Indes orientales hollandaises et était secrétaire de la Société batave, étudia cet animal. La soigneuse description qu’il en fit est intitulée : Beschrijving van der Groote Borneosche orang-outang of de Oost-Indische Pongo et se trouve dans le même volume des mémoires de cette Société. Lorsque von Wurmb eut terminé sa description, il dit dans une lettre datée de Batavia, 18 février 1781[1], que cet individu fut envoyé en Europe dans de l’esprit-de-

  1. Briefe des Herrn v. Wurmb und des H. baron von Wollzogen. Gotha, 1794.