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LE PROBLÈME DES ORIGINES.

pose sur des idées plus claires, Dieu n’étant qu’une cause, n’existe la condition de produire des effets… Cet effet étant l’univers, Dieu a dû le produire de toute éternité… Supprimez le monde, et l’Être suprême ne devient plus nécessaire, le néant seul peut être conçu… ; s’il est donc absurde de supposer que Dieu soit sorti du néant en même temps que l’univers, il faut admettre qu’il lui est coéternel[1]. »

Une autre forme de raisonnement que j’emprunte à un écrivain spiritualiste marquera mieux encore l’impossibilité subjective des légendes créatrices. « Il est si naturel, dit Jean Reynaud, de croire avec la plupart des religions et des écoles philosophiques de l’antiquité que l’univers a existé de tout temps que l’on est réduit à se demander comment il est possible que l’opinion contraire ait pris naissance. En effet, l’univers existant à un instant donné, il est aussi facile de concevoir qu’il existait aussi l’instant d’avant, qu’il l’est peu de s’imaginer que l’instant d’avant il n’existait pas. Et cela seul suffit pour faire remonter de proche en proche, jusque dans l’infini, celui qui cherche l’origine des choses ; ce serait donc à ceux qui prétendent que l’univers cesse tout d’un coup à un point déterminé des temps qui nous précèdent, à nous faire connaître la raison d’un changement si extraordinaire. Or, il est évident que cette raison ne

  1. Alf. Maury, Encyclopédie moderne, art. Cosmogonie.