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Page:Huyghens - Traité de la lumière, Gauthier-Villars, 1920.djvu/21

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TRAITÉ DE LA LUMIÈRE.


ce même air, mais une autre matière dans laquelle s’étend la lumière, puisque l’air étant ôté de ce vaisseau, la lumière ne laisse pas de le traverser comme auparavant.

Et ce dernier point se démontre encore plus clairement par la célèbre expérience de Torricelli ; où le tuyau de verre, d’où le vif argent s’est retiré, restant tout vide d’air, transmet la lumière de même que quand il y a de l’air : car cela prouve qu’une matière différente de l’air se trouve dans ce tuyau, et que cette matière doit avoir percé le verre, ou le vif argent, ou l’un et l’autre, qui sont tous deux impénétrables à l’air. Et lorsque dans la même expérience l’on fait le vide en mettant un peu d’eau par dessus le vif argent, l’on en conclut pareillement que ladite matière passe à travers le verre, ou l’eau, ou à travers tous les deux.

Quant aux différentes manières dont j’ai dit que se communiquent successivement les mouvements du son et de la lumière, on peut assez comprendre comment ceci se passe en ce qui est du son, quand on considère que l’air est de telle nature qu’il peut être comprimé et réduit à un espace beaucoup moindre qu’il n’occupe d’ordinaire, et qu’à mesure qu’il est comprimé il fait effort à se remettre au large, car cela joint à sa pénétrabilité qui lui demeure nonobstant sa compression, semble prouver qu’il est fait de petits corps qui nagent et qui sont agités fort vite dans la matière éthérée, composée de parties bien plus petites. De sorte que la cause de l’extension des ondes du son, c’est l’effort que font ces petits corps, qui s’entrechoquent, à se