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Page:Huyghens - Traité de la lumière, Gauthier-Villars, 1920.djvu/22

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LES MAÎTRES DE LA PENSÉE SCIENTIFIQUE.


remettre au large, lorsqu’ils sont un peu plus serrés dans le circuit de ces ondes qu’ailleurs.

Mais l’extrême vitesse de la lumière, et d’autres propriétés qu’elle a, ne sauraient admettre une telle propagation de mouvement, et je vais montrer ici de quelle manière je conçois qu’elle doit être. Il faut expliquer pour cela la propriété que gardent les corps durs à transmettre le mouvement les uns aux autres.

Lorsqu’on prend un nombre de boules d’égale grosseur, faites de quelque matière fort dure, et qu’on les range en ligne droite, en sorte qu’elles se touchent, l’on trouve, en frappant avec une boule pareille contre la première de ces boules, que le mouvement passe comme dans un instant jusqu’à la dernière, qui se sépare de la rangée, sans qu’on s’aperçoive que les autres se soient remuées. Et même celle qui a frappé demeure immobile avec elles. Où l’on voit un passage de mouvement d’une extrême vitesse et qui est d’autant plus grande que la matière des boules est d’une plus grande dureté.

Mais il est encore constant que ce progrès de mouvement n’est pas momentané, mais successif, et qu’ainsi il y faut du temps. Car si le mouvement ou, si l’on veut, l’inclination au mouvement ne passait pas successivement par toutes ces boules, elles l’acquerraient toutes en même temps, et partant elles avanceraient toutes ensemble, ce qui n’arrive point : mais la dernière quitte toute la rangée et acquiert la vitesse de celle qu’on a poussée. Outre qu’il y a des expériences qui font voir que