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Page:Huyghens - Traité de la lumière, Gauthier-Villars, 1920.djvu/24

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LES MAÎTRES DE LA PENSÉE SCIENTIFIQUE.


ouvert et le plus facile qui se puisse. Ce qui s’accorde avec la raison que M. Descartes donne du ressort, sinon que je ne suppose pas des pores en forme de canaux ronds et creux, comme lui. Et il ne faut pas s’imaginer qu’il y ait rien d’absurde en ceci, ni d’impossible, étant au contraire fort croyable que c’est ce progrès infini de différentes grosseurs de corpuscules et les différents degrés de leur vitesse dont la Nature se sert à opérer tant de merveilleux effets.

Mais quand nous ignorerions la vraie cause du ressort, nous voyons toujours qu’il y a beaucoup de corps qui ont cette propriété, et ainsi qu’il n’y a rien d’étrange de la supposer aussi dans des petits corps invisibles comme ceux de l’éther. Que si l’on veut chercher quelqu’autre manière dont le mouvement de la lumière se communique successivement, on n’en trouvera point qui convienne mieux que le ressort avec la progression égale, qui semble être nécessaire, parce que si ce mouvement se ralentissait à mesure qu’il se partage entre plus de matière, en s’éloignant de la source de la lumière, elle ne pourrait pas conserver cette grande vitesse dans de grandes distances. Mais en supposant le ressort dans la matière éthérée, ses particules auront la propriété de se restituer également vite, soit qu’elles soient fortement ou faiblement poussées, et ainsi le progrès de la lumière continuera toujours avec une vitesse égale.

Et il faut savoir que quoique les particules de l’éther ne soient pas rangées ainsi en lignes droites comme dans notre rangée de boules, mais confu-