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Page:Huyghens - Traité de la lumière, Gauthier-Villars, 1920.djvu/33

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TRAITÉ DE LA LUMIÈRE.


partie d’onde s’avance nécessairement suivant la ligne droite qui vient du point luisant. Et c’est ainsi que l’on peut prendre des rayons de lumière comme si c’était des lignes droites.

Il paraît, au reste, par ce qui a été remarqué touchant la faiblesse des ondes particulières, qu’il n’est pas nécessaire que toutes les particules de l’éther soient égales entre elles, quoique l’égalité soit plus propre à la propagation du mouvement. Car il est vrai que l’inégalité fera qu’une particule, en poussant une autre plus grande, fasse effort pour reculer avec une partie de son mouvement, mais il ne s’engendrera de cela que quelques ondes particulières en arrière vers le point lumineux, incapables de faire de la lumière, et non pas d’onde composée de plusieurs, comme était C E.

Une autre et des plus merveilleuses propriétés de la lumière est que, quand il en vient de divers côtés, ou même d’opposés, elles font leur effet l’une à travers l’autre sans aucun empêchement. D’où vient aussi que par une même ouverture plusieurs spectateurs peuvent voir tout à la fois des objets différents, et que deux personnes se voient en même instant les yeux l’un de l’autre. Or suivant ce qui a été expliqué de l’action de la lumière, et comment ses ondes ne se détruisent point ni ne s’interrompent les unes les autres quand elles se croisent, ces effets que je viens de dire sont aisés à concevoir. Qui ne le sont nullement à mon avis, selon l’opinion de Descartes, qui fait consister la lumière dans une pression continuelle, qui ne fait que tendre au mouvement. Car cette pression ne pouvant agir