Page:Huyghens - Traité de la lumière, Gauthier-Villars, 1920.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
LES MAÎTRES DE LA PENSÉE SCIENTIFIQUE.

Quand la raison des vitesses des ondes est de 2 à 3, comme dans notre exemple, qui est celle qui convient au verre et à l’air, l’angle D A Q doit être plus grand que de 48 degrés 11 minutes, afin que le rayon D A puisse passer en se rompant. Et quand la raison de ces vitesses est de 3 à 4, comme elle est à fort peu près dans l’eau et l’air, cet angle D A Q doit excéder 41 degrés 24 minutes. Et cela s’accorde parfaitement avec l’expérience.

Mais on pourrait demander ici, puisque la rencontre de l’onde A C contre la surface A B doit produire du mouvement dans la matière qui est de l’autre côté, pourquoi il n’y passe point de lumière. À quoi la réponse est aisée si l’on se souvient de ce qui a été dit ci-devant. Car bien qu’il s’engendre une infinité d’ondes particulières dans la matière qui est de l’autre côté de A B, il n’arrive point à ces ondes d’avoir une ligne tangente commune (soit droite ou courbe) en un même instant ; et ainsi il n’y a point de ligne qui termine la propagation de l’onde A C au delà du plan A B, ni où le mouvement soit ramassé en assez grande quantité pour produire de la lumière. Et l’on verra aisément la vérité de ceci, savoir que C B étant plus grande que les 2/3 de A B, les ondes excitées au delà du plan A B n’auront point de commune tangente, si des centres K l’on décrit alors des cercles, ayant les rayons égaux aux 3/2 des L B qui leur répondent. Car tous ces cercles seront enfermés les uns dans les autres, et passeront tous au delà du point B.

Or il est à remarquer que, dès lors que l’angle D A Q est plus petit qu’il ne faut pour