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LES MAÎTRES DE LA PENSÉE SCIENTIFIQUE.

CHAPITRE IV

DE LA RÉFRACTION DE L’AIR


Nous avons montré comment le mouvement, qui fait la lumière, s’étend par des ondes sphériques dans une matière homogène. Et il est évident que lorsque la matière n’est pas homogène, mais de telle constitution que le mouvement s’y communique plus vite vers un côté que vers un autre, ces ondes ne sauraient être sphériques, mais qu’elles doivent prendre leur figure suivant les différents espaces que le mouvement successif parcourt en des temps égaux.

C’est par là que nous expliquerons premièrement les réfractions qui se font dans l’air, qui s’étend d’ici aux nues et au delà ; desquelles réfractions les effets sont fort remarquables, car c’est par elles que nous voyons souvent des objets que la rondeur de la Terre nous devrait autrement cacher, comme des îles et des sommets de montagnes lorsqu’on est sur mer. Par elles aussi le Soleil et la Lune paraissent levés auparavant qu’ils le soient en effet, et couchés plus tard ; de sorte qu’on a vu souvent la Lune éclipsée que le Soleil paraissait encore dessus l’horizon. Et ainsi les hauteurs du Soleil et de la