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TRAITÉ DE LA LUMIÈRE.

pourquoi ce corps si transparent est inutile aux lunettes d’approche, quand elles ont tant soit peu de longueur.

21. Or cette double réfraction, suivant ma théorie ci-dessus établie, semblait demander une double émanation d’ondes de lumière, toutes deux sphériques (car les deux réfractions sont régulières) et les unes seulement un peu plus lentes que les autres. Car par là ce phénomène s’explique fort naturellement, en supposant les matières qui servent de véhicules à ces ondes, de même que j’ai fait dans le cristal d’Islande. J’eus donc moins de peine après cela à admettre deux émanations d’ondes dans un même corps. Et pour ce que l’on pouvait m’objecter qu’en composant ces deux cristaux de particules égales de certaine figure, et entassées régulièrement, à peine les interstices que ces particules laissent et qui contiennent de la matière éthérée suffiraient pour transmettre les ondes de lumière que j’y ai placées, j’ôtai cette difficulté en considérant ces particules comme étant d’un tissu fort rare, ou bien composées d’autres particules beaucoup plus petites, entre lesquelles la matière éthérée passe fort librement. Ce qui d’ailleurs s’ensuit nécessairement de ce qui a été démontré ci-devant, touchant le peu de matière dont les corps sont assemblés.

22. Supposant donc ces ondes sphéroïdes outre les sphériques, je commençai à examiner si elles pouvaient servir à expliquer les phénomènes de la réfraction irrégulière, et comment par ces phénomènes mêmes je pourrais déterminer la figure et la