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le quartier saint-séverin

dénonçât ses amis pourtant, car la police n’eût pas toléré ce chenil s’il n’eût servi de souricière à ses agents.

Et quand on songe que c’est justement sur la façade de cette maison que s’est réfugié le bas-relief enlevé à l’église de Saint-Julien et représentant ce saint et sa femme passant, dans une barque, le Christ ! Saint Julien que l’on invoquait jadis pour trouver un bon gîte ! Il était joli, le gîte Alexandre ! Les chenapans qui s’y confiaient étaient trahis par leur hôte, lequel vivait, de son côté, sur ses gardes, s’attendant à recevoir, en échange de ses délations, un mauvais coup.

Mais il est juste de dire que si, au Moyen Âge, le vieux saint protégeait les pauvres hères qui le priaient, contre les attaques des malandrins, il n’est pas tenu maintenant de préserver des malfaiteurs, qui ne l’invoquent nullement du reste, des embûches des hôteliers et des rafles des cognes.

VII

L’on peut se demander vraiment pourquoi les galvaudeux, qui savent très bien que la maison Alexandre et que le Château-Rouge sont des traquenards, les fréquentent ; la vérité est qu’ils ne savent où aller ; partout on les épie et on les vend ; les mastroquets et les logeurs dépendent de la police et la secondent ;