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le quartier saint-séverin

mauvaises qu’elles détenaient ne leur furent guère propices ; Mémêche, dans un accès de delirium tremens, s’est laissée choir d’un quatrième dans une cour et s’est tuée ; la Tache-de-Vin, compromise dans un nouvel assassinat, a été condamnée à cinq ans de réclusion, et PauPau est morte. D’autres les ont remplacées, mais moins intéressantes, encore qu’elles ne vaillent pas mieux ; quant à l’aspect du tapis-franc, avec son côté d’authentique coupe-gorge et aussi le décor d’attrape-pante, il est, malgré le changement des comparses, le même. Certains soirs, des crises de joie soulèvent, toujours sans qu’on sache pourquoi, ces miséreux ; alors le repaire se mue en un cabanon de fous ; on se range en cortège ; l’un s’empare d’un seau vide et joue du tambour dessus ; un autre arbore au bout d’un balai un torchon en guise de drapeau, et, tandis que l’on débite une « proclamation de Monsieur le maire » plus ou moins bête, tout l’établissement défile, en poussant des cris d’animaux, et cela finit par un chahut. Alors, dans la poussière qu’agite le piétinement des galoches et des bottes, dans la puanteur qu’exhale le remous des jupes, passent de consternantes visions d’êtres tordus par des spasmes nerveux, de femmes suivant un homme, l’air égaré, et refaisant, sans parler, un à un, ses gestes. Il y a évidemment des symptômes de dé-