Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/118

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j’étais couché, la face défaite, les yeux hâves, les bras roides, collés au corps, la chemise ramenée sur le genoux.

Un bruit de porte et un va-et-vient rapproché de pas, rompirent l’obsession qui me hantait. Je me dressai sur mon séant, dérangeant le lamentable portrait réverbéré par le ciel du lit, reprenant ma physionomie personnelle, rentrant enfin dans ma propre peau.

Je me levai et, me dirigeant vers la cheminée sur la tablette de laquelle brillait l’or d’une pièce de vingt francs que j’y avais préalablement mise, je me souris, me disant :

Cette analogie physique que je relève entre l’attitude d’un maladroit assassin et la mienne est peut-être, au point de vue spirituel, plus juste encore.

Et, en effet, n’avais-je pas moralement enduré un supplice identique à celui qui tortura le corps du régicide ?

N’avais-je pas été, moi aussi, tiré, cahoté, sur une idéale Grève, par quatre réflexions diverses ; écartelé en quelque sorte : — d’abord par une pensée de basse concupiscence ; — puis par une désillusion immédiate du désir dès l’entrée dans cette chambre ; — ensuite par le pénitentiel regret de l’argent versé ; — enfin par cette expiatrice détresse que laissent, une fois commis, les frauduleux forfaits des sens.