Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/178

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des termes comminatoires, reprocha de nouveau à M. Folantin d’être inexact.

La séance, mal commencée, avait continué d’être insupportable. Il avait fallu, sous un jour louche salissant le papier, copier d’interminables lettres, tracer de volumineux tableaux et écouter en même temps les bavardages du collègue, un petit vieux qui, les mains dans les poches, s’écoutait parler.

Celui-là récitait tout entier le journal et il l’allongeait encore par des jugements de son cru, ou bien il blâmait les formules des rédacteurs et il en citait d’autres qu’il eût été heureux de voir substituer à celles qu’il expédiait ; et il entremêlait ces observations de détails sur le mauvais état de sa santé qu’il déclarait s’améliorer un tantinet pourtant, grâce au constant usage de l’onguent populéum et aux ablutions répétées d’eau froide.

À écouter ces intéressants propos, M. Folantin finissait par se tromper ; les raies de ses états godaient et les chiffres couraient à la débandade, dans les colonnes ; il avait dû gratter des pages, surcharger des lignes, en pure perte d’ailleurs, car le chef lui avait retourné son travail, avec ordre de le refaire.

Enfin la journée s’était terminée et, sous le ciel bas, au milieu des rafales, M. Folantin avait dû piétiner dans des parfaits de fange, dans des sorbets de neige, pour atteindre son logis et son restaurant,