Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/195

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profitable, attendu que le vin était partout chargé de litharge et coupé d’eau de pompe, que les œufs n’étaient jamais cuits comme on les désirait, que la viande était partout privée de suc, que les légumes cuits à l’eau ressemblaient aux vestiges des maisons centrales ; mais il s’entêta ; « à force de chercher, je trouverai peut-être », et il continua à rôder par les cabarets, par les crémeries ; seulement, au lieu de se débiliter, sa lassitude s’accrut, surtout quand, descendant de chez lui, il aspirait, dans les escaliers, l’odeur des potages, il voyait des raies de lumière sous les portes, il rencontrait des gens venant de la cave, avec des bouteilles, il entendait des pas affairés courir dans les pièces ; tout, jusqu’au parfum qui s’échappait de la loge de son concierge, assis, les coudes sur la table, et la visière de sa casquette ternie par la buée montant de sa jatte de soupe, avivait ses regrets. Il en arrivait presque à se repentir d’avoir balayé la mère Chabanel, cet odieux cent-garde — « Si j’avais eu les moyens, je l’aurais gardée, malgré ses désolantes mœurs », se dit-il.

Et il se désespérait, car à ses ennuis moraux se joignait maintenant le délabrement physique. À force de ne pas se nourrir, sa santé, déjà frêle, chavirait. Il se mit au fer, mais toutes les préparations martiales qu’il avala lui noircirent, sans résultat appréciable, les entrailles. Alors il adopta