Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/211

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M. Folantin hésita ; il balançait entre l’agrément de ne pas se repaître seul et la crainte que lui inspiraient les repas de corps.

— Allons ! Vous n’allez pas refuser, insista M. Martinet. Je vais vous traiter, à mon tour, de lâcheur si, pour une fois que je vous rencontre, vous me laissez en plan.

M. Folantin eut peur d’être malhonnête et il suivit docilement son compagnon, au travers des rues. « Nous y voici, montons. » Et M. Martinet s’arrêta sur le palier, devant une porte à tambour vert.

Là sonnaient de grands bruits d’assiettes sur un bourdonnement ininterrompu de voix ; puis la porte s’ouvrit et, en même temps qu’un violent hourvari, des gens en chapeau se précipitèrent dans l’escalier en battant la rampe avec leurs cannes.

M. Folantin et son camarade se garèrent, puis ils poussèrent à leur tour la porte et s’introduisirent dans une salle de billard. M. Folantin, pris à la gorge, recula. Cette pièce était noyée dans une épaisse fumée de tabac, traversée par des coups de queues ; M. Martinet entraîna son invité dans une autre pièce, où la buée était peut-être plus intense encore, et çà et là, dans des chants de pipes bouchées, dans des écroulements de dominos, dans des éclats de rire, des corps passaient presque invisibles, devinés seulement par le déplacement de