Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/212

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vapeur qu’ils opéraient. M. Folantin resta là, ahuri, cherchant à tâtons une chaise.

M. Martinet l’avait quitté. Vaguement, dans un nuage, M. Folantin l’aperçut, sortant d’une porte.

— Il faut attendre un peu, dit M. Martinet, toutes les tables sont pleines ; oh, ce ne sera pas long !

Une demi-heure s’écoula. M. Folantin eût donné bien des choses pour n’avoir jamais mis le pied dans cet estaminet, où l’on pouvait fumer, mais où l’on ne se nourrissait pas. De temps à autre, M. Martinet s’échappait et allait s’assurer que les sièges étaient toujours occupés.

— Il y a deux messieurs qui en sont au fromage, dit-il d’un air satisfait, j’ai retenu leurs places.

Une autre demi-heure s’écoula. M. Folantin se demanda s’il ne ferait pas bien de se diriger vers l’escalier tandis que son compagnon guettait les tables. Enfin, M. Martinet revint, lui annonça le départ des deux fromages où ils pénétrèrent dans une troisième pièce où ils s’assirent, serrés comme des harengs dans une caque.

Sur la nappe tiède, dans les éclaboussures de sauce, dans les mies de pain, on leur jeta des assiettes, et l’on servit un bœuf coriace et résistant, des légumes fades, un rosbif dont les chairs élastiques pliaient sous le couteau, une salade et du dessert. Cette salle rappela à M. Folantin le réfectoire d’une pension, mais d’une pension mal tenue,