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V



LE ballet commence. Le décor représente un vague intérieur de sérail, plein de femmes encapuchonnées qui se dandinent comme des ourses. Un Ottoman de mardi-gras, la tête couverte d’un turban et la bouche munie d’un chibouck, fait claquer son fouet. Les capuchons tombent, montrant des almées, racolées dans le fond d’une banlieue, en train de sautiller, au son d’une musique de bastringue égayée de temps à autre par l’air de la « casquette au père Bugeaud » introduit dans la mazurke pour justifier sans doute l’arrivée d’une fournée de femmes costumées en spahis.

C’est, à un moment, sous les jets de lumière électrique qui inondent la scène, un tourbillon de tulle blanc, éclaboussé de feux bleus avec du nu de chair sautant au centre ; puis, la première danseuse, reconnaissable surtout à son maillot de soie, apparaît, fait quelques pointes sur les talons, remue ses faux