Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/180

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dès qu’on vante l’agrément de sa personne. Une bouquetière les harcela sur ces entrefaites mais la fille refusa la rose qu’André voulait lui offrir ; elle refusa également de consommer encore. Sur les instances des deux jeunes gens, elle accepta cependant des cerises à l’eau-de-vie, et elle les goba gentiment, tortillant la queue entre ses doigts, faisant le guignol avec sa langue qui frétillait entre la haie blanche des dents, ratissant la cerise, ramenant le noyau dans la main dont les bagues flambaient.

André lui demanda son nom et celui de la rue qu’elle habitait ; elle déclara s’appeler Blanche et demeurer rue de la Bruyère.

— C’est un peu loin, reprit-il, pour dire quelque chose.

— Vous ne logez donc pas dans ce quartier, répliqua-t-elle ?

Il désigna sa rue.

— Ah oui ! la rue Cambacérès, elle la connaissait ; près de la Madeleine, n’est-ce pas ? une de ses amies dans le temps… et elle enfila une histoire où, peu à peu, l’amie en question, apparaissait comme une femme qui avait abusé de sa confiance pour lui infliger des crasses.

Cyprien en bâilla. André écoutait très séduit par les tours de passe-passe qu’exécutait sur la lèvre du haut, une mignonne lentille de la nuance du liège.

Ils quittèrent enfin le café.

— Ah bien, je vous laisse, dit Cyprien, après qu’André, tout hésitant, eut offert son bras à la fille.