Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/213

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qu’en s’apercevant, ils ne se rappelassent pas brusquement leurs traits ; – et, réfléchi, il n’examinait même pas les longues vitrines devant lesquelles il stationnait, des vitrines de librairies éclairées comme des cafés, où s’étageaient des livres aux couvertures voyantes et de mauvais goût, des livres qui faisaient, en peignoir de couleur, la retape pour 3 fr. 50 c.

L’éclairage furieux de ce magasin et de tout ce couloir le gênait. Il s’engagea dans les corridors encadrent le préau, mais là encore, le scintillement des bijoux sous le gaz, le fatigua. Des gens se pétrifiaient devant l’or des joailleries et des bureaux de change. Il s’écarta de cette foule, laissa de côté les fabricants de gamelles et de crachats, tous les débitants de la dinanderie honorifique et entrant dans le jardin désert, presque noir, il se rappela, dégoûté par l’horreur des articles de Paris qu’il avait vu flamboyer impudemment sous les arcades, cette phrase proféré par Cyprien, un jour que chassés par la pluie ils se promenaient, tous les deux, dans le Palais-Royal : « C’est un lieu qui contient des boutiques pleines de victuailles qu’on ne mange point et de livres qu’on ne lit pas, des magasins où sont exposés sur du velours tous les mobiles des saletés humaines, des bijoux pour les femmes et des croix pour les hommes ! »

Et ramené à Cyprien par cette définition chagrine, André se dit que le peintre rirait certainement, s’il le voyait ambuler ainsi, attendant l’heure du bercer, dans