Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/215

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enlaçant tout ce quartier et rayonnant par toute la ville, s’éteignait peu à peu ; la chasse aux subsistances, la sourde bataille du négoce en sentinelle derrière ses devantures cessaient et la Bourse, maintenant vide de clameurs et de bruits, dormait, silencieuse, dans son lit de rues sombres.

André constata avec une joie puérile, que sa montre retardait de cinq minutes ; il la régla sur le cadran allumé de la Bourse. Une quarantaine de minutes le séparait maintenant, à peine, de son rendez-vous. Il tenait à être à son poste plus tôt, connaissant les habitudes des femmes, sachant qu’elles se présentent avant ou après, a l’heure fixe jamais.

Il arriva à la porte de la maison Larmange, une porte cochère, ouverte, montrant le bout d’un péristyle et le perron d’un escalier, et il acheta, dans un kiosque voisin, un journal pour se donner une contenance, mais le bec de gaz contre lequel il s’appuyait, éclairait mal. Il eut froid aux pieds et il se promena lentement devant la maison, s’étonnant de ne pas voir, contrairement à ses prévisions, des messieurs en train de croquer le marmot, s’arrêtant de temps à autre, devant la vitrine des magasins.

Il essaya de s’intéresser, par désœuvrement, à la boutîque d’un marchand de cheveux et de postiches, pleine de têtes immobiles de femmes, roses des joues, bleues des yeux, rouges des lèvres, ornées de cheveux