Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/235

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— Qu’as-tu ? interrogea André, étonné de son silence.

— Mais rien… dit-elle très bas.

Ses craintes se développaient. Le concierge qui la préoccupait peu jusqu’alors, se dressa devant elle, prenant des proportions formidables ; elle le vit aux côtés de Mélanie, dans la cour, semblable à deux dogues furieux, prêts à lui sauter aux jambes.

Elle se sentit perdue ; la grossière optique de la peur cessa pourtant. André lui caressait la main et elle s’appuyait sur lui, espérant tout de même une assistance et une affection, mais bien que convaincue qu’elle exagérait ses transes, elle ne put cependant chasser l’image de cette Mélanie qu’elle se représentait comme un grand dragon, vieux et roide, la regardant du haut en bas, en sa qualité de femme mariée et de servante, maîtresse d’une maison, dominatrice du caractère incertain d’André.

Elle se serra plus étroitement encore contre son amant, appuyant presque sa joue sur son épaule, éprouvant le besoin de se faire petite, se promettant de se glisser dans l’entrebâillement des portes et de saluer bien bas tout le monde.

— Ah ! ce n’est plus comme jadis, soupira-t-elle, le cœur gros.

— Mais si, mon petit chat, rien n’est changé, reprenait-il, affectant une confiance qu’il n’avait pas, car le trouble qui rendait chagrine la figure de Jeanne ranimait le sien ; tu verras, ça ira tout seul ; allons, voyons, Madame, montrez un beau sourire au Monsieur,