Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/292

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qu’un exemple et Monseigneur a bien voulu nous en faire compliment, le mois dernier, quand il est venu dans le pensionnat pour donner la confirmation à de jeunes élèves.

— À quoi que vous la destinez votre demoiselle ? hasarda Mélie, d’un ton aimable.

— Mélie, tais-toi, jeta Cyprien, et empêche Alexandre de sauter comme il fait.

Mélie empoigna Alexandre, et tandis qu’elle le serrait contre elle, une lutte silencieuse s’engagea, traversée par les coups de queue saccadés du chat, tapant sourdement l’estomac de la femme.

— Enfin, reprit Désableau, hésitant un peu, tout est pour le mieux, mais cependant, vous savez, le bonheur n’est jamais complet. – Oui, quand on est heureux d’un côté, on ne l’est pas de l’autre. Ainsi la santé de cette pauvre Berthe, je puis bien vous le dire, nous inquiète beaucoup. Tous les malheurs qui lui sont arrivés, sa rupture avec André, tout cela, voyez-vous, agit sur le moral et par contrecoup sur le physique ; bref, sans qu’il y ait absolument péril en la demeure, l’état de notre nièce ne laisse pas que de nous inspirer de sérieuses appréhensions.

Cyprien, très attentif, regarda fixement son visiteur qui reprit :

— Oui, il faudrait beaucoup de ménagements et de l’air pur… Les médecins que nous avons consultés à ce sujet sont, unanimes à prescrire un séjour à la campagne, des promenades dans les bois, de la tranquillité, aucune émotion et aucun tracas.