Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/294

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— Bon, j’y suis maintenant, si vous voulez continuer, je vous écoute.

Mais Désableau déclara qu’il n’avait pas à continuer. Il s’excusa même d’avoir ennuyé son ami par cette longue histoire, mais c’était plus fort que lui ; la réponse d’André l’avait trop secoué ! Il avait une barre dans l’estomac depuis qu’il l’avait apprise. Il aimait Berthe comme sa propre fille, il l’avait élevée sans faire de différence entre elle et sa petite Justine, et voilà que la pauvre enfant, après tous ses malheurs, maintenant que ses souffrances commençaient à s’assoupir dans la sereine société de la famille, recevait un nouveau coup.

— Ah ! l’on ne m’ôtera pas de la tête, s’écria-t-il, que la religion d’André n’ait été surprise et il serait vraiment bien ‘à souhaiter qu’un ami lui décillât les yeux, lui fit comprendre le côté inhumain de sa conduite.

— Autrement dit, murmura le peintre, vous me priez de parler à André de cette affaire. Mais enfin, mon cher monsieur, pourquoi ne lui en parlez-vous pas, vous-même ?

— Parce que… répliqua Désableau, un peu rouge, j’ai craint que M. André n’eût des préventions contre moi, et puis j’ai eu peur, je l’avoue, de me laisser emporter dans la discussion et de l’envenimer.

— Eh bien, mais, madame Désableau n’a pas les mêmes raisons que vous de croire à la malveillance d’André. Pourquoi ne va-t-elle pas le voir ?

Désableau ne répondit pas tout d’abord à cette