Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/61

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hurlante, quand on mollardait dans ses poires cuites ou sur ses volailles, « Pichi » , un marchand de curiosités de la rue de Grenelle que ce surnom rendait comme fou, et les plaisanteries sinistres : les papiers roulés, pliés en deux, durs, lancés, au moyen d’un élastique, dans le bas-ventre des chevaux qui s’élançaient, menaçaient de briser leurs voitures, d’écraser les passants et tout, tout, les appréhensions terribles lorsqu’on partait pour le lycée sans savoir ses leçons, l’infernale pluie des retenues et des consignes, les gronderies de la famille, les emportements du marchand de soupe !

— Quelle ordure que tous ces pensionnats ! finit par dire André, et Cyprien était bien de son opinion, il en crachait de mépris sur le sable.

— Et pourtant, reprit-il, après un silence – avouons que nous avons eu de bons moments dans ce jardin. Les jours où nous étions bouche-trous au concours, nous mangions sur ce banc la tranche de pâté traditionnelle et nous vidions la topette de vin nichée dans le filet. En avons-nous fumé des cigarettes trop mouillées, derrière ces arbres ! – Et il désignait, au loin, des massifs tachés de rouge et de jaune par des fleurs, des taillis ouverts par un coup de vent, laissant voir par les éclaircies tremblantes de leurs feuilles des étoiles de ciel bleu – et il ajouta, comme conclusion : le Luxembourg est bien, encore le seul pan de terre ratissé auquel je m’intéresse !

André chassait mélancoliquement les cailloux avec sa canne.