Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/87

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entendre l’appel du timbre, conservé leur ancienne sonnette qui derlinait comme jadis plus près d’eux, et les avertissait qu’une visite attendait sur le palier.

Ce fut sur ces entrefaites, après ces soirs, où regardant la famille attablée et occupée à des fastidieux délassements, Berthe regrettait de ne pas s’être mariée, qu’André fut présenté dans la maison. Il ne lui plut, ni ne lui déplut. Il lui sembla distingué. Les Désableau ne furent point partisans de ce mariage. La profession d’homme de lettres épouvanta le mari. Il y voyait des cascades, des noces furieuses, une vie débraillée, cousue à la diable, craquant sur toutes les coutures ; la femme, elle aussi, considérait André avec inquiétude et n’augurait rien de bon d’un homme qui avait dû manger avec des actrices. Berthe fit simplement observer à son oncle, que tous les renseignements étaient favorables et que bien qu’il fût artiste, ce jeune homme possédait des rentes. Elle déclara péremptoirement d’ailleurs qu’André lui convenait.

Le mariage fut célébré. Elle demeura interdite. Tous ses rêves de jeune fille se détachèrent, un à un ; toutes les joies révélées par des amies, à voix basse, dans le coin des fenêtres, toutes les attentes de paradis brusquement ouvert sous des courtines, ratèrent. Froide de sens, elle ne vit dans les transports autorisés par l’Eglise qu’une convention répugnante, une saleté pénible.

Puis son mari lui parut vieux de caractère. Après