Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/342

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— Bien, mais supposons qu’ils aient envie de me désigner, moi qui ne suis pas un des leurs, comment s’y prendraient-ils ?

— Ils se serviraient du signe « hôte » qu’ils figurent en éloignant le poing et en le rapprochant du corps.

— Ce qui veut dire que je viens de loin chez eux ; le fait est que c’est ingénu et même transparent, si l’on veut.

Ils marchèrent, silencieusement, le long d’une allée qui dévalait dans des champs de labour.

— Je n’ai pas aperçu, parmi ces moines, le frère Anaclet et le vieux Siméon, s’écria tout à coup Durtal.

— Ils ne sont pas occupés à la ferme ; le frère Anaclet est employé à la chocolaterie et le frère Siméon garde les porcs ; tous les deux travaillent dans l’enceinte même du monastère. Si vous le voulez, nous irons souhaiter le bonjour à Siméon.

Et l’oblat ajouta : — Vous pourrez attester, en rentrant à Paris, que vous avez vu un véritable saint, tel qu’il en exista au XIe siècle ; celui-là nous reporte au temps de saint François d’Assise ; il est en quelque sorte, la réincarnation de cet étonnant Junipère dont les Fioretti nous célèbrent les innocents exploits. Vous connaissez cet ouvrage ?

— Oui, il est, après la Légende dorée, le livre où s’est le plus candidement empreinte l’âme du Moyen Age.

— Eh bien, pour en revenir à Siméon, ce vieillard est un saint d’une simplicité peu commune. — En voici une preuve entre mille. Il y a de cela quelques mois, j’étais dans la cellule du prieur, quand le frère Siméon se présente. Il dit au père la formule usitée pour demander la parole : « Benedicite » ; — le P. Maximin lui répond