Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’était une course éperdue d’un bout à l’autre du bouquin, bien heureux encore lorsqu’on n’errait pas dans de doubles octaves ou dans des époques telles que l’Avent qui compliquent tout.

Cela fait, les points de repère acquis, il convenait d’étudier le corps même de l’office, d’en comprendre la signification, et de découvrir ce qu’après le service divin des louanges et les suppliques d’intérêt général, l’on pouvait en tirer pour son profit d’âme.

La question qui s’imposait était d’abord celle-ci : s’imprégner assez de l’esprit des psaumes pour se persuader qu’ils avaient été écrits à votre intention personnelle, tant ils correspondaient à vos pensées ; les réciter, ainsi qu’une prière jaillie de ses aîtres, s’approprier, s’assimiler, en un mot, la parole du Psalmiste, user de la façon même de prier du Christ et de ses Préfigures.

C’était parfait en théorie, mais, dans la réalité ce n’était pas toujours facile, car si l’on voyait, reproduit dans les livres inspirés, à mesure que le besoin s’en montrait, son site d’âme ; si l’on découvrait tout à coup que des versets dont la portée vous avait jusqu’alors échappé, s’éclairaient, se précisaient si exactement avec votre état spirituel du moment, que l’on en demeurait ébahi, se demandant comment on ne les avait pas depuis longtemps compris, un terrible dissolvant paraissait à son tour, la routine, qui vous obligeait à dévider les psaumes, comme une mécanique, en n’y adaptant plus alors aucun sens.

Et cette routine était, il faut bien l’avouer, rendue inévitable par la façon même dont se débitait l’office ; pour en appréhender jusqu’aux sous-entendus, pour en