Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/203

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Durtal fut tiré de ses réflexions par un flux et reflux de moines dans le chœur. L’on habillait le père Abbé. Le cérémoniaire, debout, devant l’autel, enlevait les vêtements qui y étaient posés, l’aube, le cordon, l’étole, la chape et les distribuait à des novices qui, à la queue-leu-leu, les présentaient, après s’être agenouillés devant le trône, aux habilleurs.

Débarrassé de sa longue cape noire et affublé de l’aube blanche, Dom Anthime Bernard, apparaissait encore plus grand ; il dominait toute l’église, du haut de son siège, et, après qu’il se fut ceint du cordon, dans le mouvement qu’il fit avec son bras pour remettre autour de son col sa croix pectorale que l’un des liturges lui tendait et qu’il baisa, la bague de sa main, allumée par le feu des cires, jeta un éclat bref. Le porte-mitre, les épaules maintenant enveloppées d’une écharpe semblable à celle du porte-crosse et dont les pointes reployées ainsi que des pointes de châle, devaient lui couvrir les doigts pour offrir la mitre ou la reprendre, alors que l’on en décoifferait l’Abbé, s’avança, sur un signe du P. d’Auberoche, près du trône ; et, après avoir endossé l’étole et la chape, le révérendissime entonna le te deum.

Ici, Durtal était bien obligé de modérer son enthousiasme, car des souvenirs l’assaillaient et le te deum des cloîtres ne soutenait pas la comparaison avec celui des églises de Paris, riches. Il est certain, se disait-il, que cet hymne est autrement imposant, à saint-Sulpice, par exemple, quand, soulevée par l’ouragan des orgues, la maîtrise, renforcée de tout le séminaire, le chante et il en est de même du magnificat royal si majestueux et d’une autre ampleur que ces pauvres magnificat, si