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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/204

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maigres, si peu étoffés, du répertoire de Solesmes.

Il faudrait d’ailleurs des centaines de religieux ayant, tous, de la voix pour projeter ces énormes et ces magnifiques pièces et où trouver d’aussi puissantes masses chorales dans les monastères ?

Ce désenchantement ne dura guère, car l’Abbé, entouré des chapiers, des maîtres des cérémonies, des céroféraires, du porte-bougeoir chantait, ainsi que devant un pupitre, « la généalogie du Christ » dans l’évangile que tenait de ses deux mains, en l’appuyant sur son front, un moine ; et, dans la mélopée étrange et marrie, monotone et câline, passaient de singulières figures de patriarches suscitées, comme un coup d’éclair, par l’appel de leurs noms et ils retombaient, aussitôt qu’un autre leur succédait, dans l’ombre.

Et lorsque la lecture fut terminée, alors que l’on ôtait la chape du père Abbé pour lui substituer une chasuble, le chœur chanta l’hymne brève, d’origine grecque, le « Te Decet laus » et, sur l’oraison du jour et le « Benedicamus Domino », l’office fut clos.

Les quatre principaux chantres qui étaient allés se vêtir à la sacristie étaient revenus et Dom Ramondoux, le préchantre, avait planté, dans un anneau près de sa place, l’insigne de son grade, une tige de cuivre surmontée d’une statuette de saint Bénigne, le bâton du préchantre.

Et il était, lui et les autres, assis sur des chaises, haussées d’une marche et à dossiers très bas, installés derrière la barre de communion, à l’entrée du chœur, en vis-à-vis de l’autel. Ils tournaient ainsi le dos au public, des dos splendides aux moires frissonnantes, ocellées dans leur ton d’argent de cercles de soie cerise dans lesquels