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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/216

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doute, cette messe est charmante, malgré son médiocre introït. Le kyrie est très beau, plaintif, un peu précieux, le gloria est allègre et vénérant, et la deuxième phrase du graduel « surge et illuminare Jerusalem » et l’alleluia sont exquis ; à l’offertoire « le reges tharsis » est lancé droit, tel qu’une flèche, et l’on entend jusqu’au dernier vibrement de son parcours ; mais j’ai encore demain pour l’écouter ; une messe basse me suffira aujourd’hui ; profitons de l’occasion de la liturgie et de la bienveillance de la climature ; et il s’était dirigé vers la gare.

Une fois assis dans le train, il avait hélé par la portière le père de Fonneuve qui cherchait une place et Dom Prieur était monté dans le compartiment.

Après avoir bavardé de choses et autres, le moine, parlant du nouveau curé, installé dans la commune depuis quelques jours, demanda à Durtal s’il l’avait vu.

— Oui, il m’a honoré d’une visite, hier, et je vous avoue, si vous tenez à connaître mon opinion, que l’impression laissée par ce prêtre est plutôt hostile. Il m’a produit l’effet d’une jeune paysanne assez mal élevée mais qui ferait, ce qu’on appelle en argot parisien sa « tata ». Il a une façon de se tortiller sur sa chaise, de coqueter, de jouer de l’éventail, d’esquisser des gestes de fillette appréhendant, tout en le désirant, un rapt, qui ne me dit rien qui vaille. Je lui ai pratiqué, dans la conversation, quelques pesées sur l’âme pour la forcer et j’y ai découvert, en sus d’un insens absolu de la mystique et de la liturgie, une vanité qui vous amènera, j’en ai peur, mon père, bien des ennuis. — Mais, voyons, et ces réparations que l’on a commencées à la cure, avancent-elles ?