Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/220

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aurait scellé les pieds, avec du plomb fondu, dans une pierre qui existait encore du temps de Grégoire De Tours ; enfin on le fit mordre par des chiens furieux, on lui asséna sur le col des coups de barre de fer et comme il ne se décidait pas à mourir, on le perça d’une pointe de lance pour l’achever et c’est sur son tombeau même que fut bâtie l’église.

Cet élu est naturellement un grand saint, mais naturellement notre dévotion est aussi et, peut-être plus directement acquise, à cet abbé de notre ordre qui fut la gloire et de la Bourgogne et de cette abbaye, le vénérable Guillaume.

Celui-là fut élevé, en qualité de petit oblat, dans le monastère de Locédia, en Italie ; puis il entra à Cluny et il fut, ainsi que je vous l’ai dit tout à l’heure, envoyé par son abbé Dom Mayeul pour amender saint Bénigne qui ne contenait plus qu’une troupe de religieux sans discipline et dont les observances liturgiques étaient nulles. Il y apporta, avec la pratique de la règle de saint Benoît, une passion de la symbolique et de la liturgie, un amour de l’art et de la science, vraiment extraordinaires. Il fonda des écoles libres, absolument gratuites, pour les clercs et pour le peuple : il révisa le chant grégorien dont les chantres avaient altéré les textes : il voulut que les offices fussent impeccables, que le service de Dieu fût magnifique.

Et il se révéla aussi tel qu’un architecte de première force, car il savait tout ce moine ! Il construisit son église abbatiale, disparue, hélas ! Et remplacée par celle qui est là, devant nous. Elle avait neuf tours et toute la symbolique des écritures se déroulait autour de son