Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/437

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fit oublier les bisbilles et les noises et rapprocha les deux camps.

Il n’y avait pas à douter de la sincérité de ces gens, ils étaient de bons catholiques et, bien qu’ils n’aimassent point, pour de petites raisons de clocher, les cloîtres, ils ne pouvaient en de telles circonstances, s’empêcher de déplorer cette odieuse persécution et de regretter le départ des moines.

Ils en parlaient tristement et pas plus que Durtal, ils ne croyaient à leur prompt retour dans le pays. Pour interrompre le deuil de ces propos, le curé annonça la grande nouvelle qu’il avait apprise, la démission de mgr Triaurault enfin remise et acceptée et la nomination de son successeur, l’abbé Le Nordez, maintenant signée.

— Je le connais, cet églisier, dit M. Lampre, à voix basse à Durtal ; et je vous assure que nous allons avoir avec lui l’ardélion des cultes ; ce que mgr Triaurault, si à plat ventre pourtant devant le gouvernement, va apparaître tel qu’un évêque indépendant, en comparaison de celui-là ! Les Bénédictins font bien de partir et je leur conseille de ne pas rentrer dans le diocèse, car il serait capable de leur interdire d’y célébrer la messe.

— Les voici ! s’exclama Durtal.

La porte s’ouvrit et l’abbé, en tête de ses religieux, parut. Il était pâle et sa grande taille semblait cassée. Derrière lui se pressaient les pères, charriant des valises et des sacs. On les reconnaissait à peine sous leurs chapeaux de prêtres, tant on avait l’habitude de ne les voir que têtes nues. Le P. Titourne perdait un peu, de la sorte, son allure de long pierrot noir, mais il était plus blême que de coutume et s’agitait auprès de deux