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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/453

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de joyeux fricots, disait Mme Bavoil qui était montée la chercher.

Les journées s’écoulaient et le télégramme du p. Abbé annonçant la reprise définitive des offices en commun, à Moerbeke, n’arrivait pas.

Durtal était prêt ; son plan de départ arrêté. Il était résolu, aussitôt que Dom Beaudequin et le petit Blanche auraient reçu l’ordre de rejoindre leur corps en Belgique, de filer sur Paris. Une fois débarqué, en supposant qu’il eût la chance de dénicher sans retard un appartement convenable, il s’aboucherait avec le déménageur ; l’on pouvait compter trois jours pour l’envoi des wagons au Val des Saints ; pendant ces trois jours, il ferait coller, s’il était nécessaire, du papier neuf dans les pièces et il attendrait patiemment, en les laissant sécher, les quatre ou cinq autres jours indispensables pour amener les meubles à Paris.

Il ne retournerait donc pas au Val des Saints — ce qui lui éviterait les frais d’un voyage-et Mme Bavoil prendrait, de son côté, le train, dès que les voitures seraient en route. La serviable Mlle de Garambois se chargeait d’ailleurs de l’hospitaliser chez elle, lorsque les lits seraient emballés.

Et, mélancoliquement, dans le jardin, regardant les massifs en fleur et les arbres, il disait au frère Blanche :

— Je ne sais pas si jamais, les uns ou les autres, nous reviendrons ici ; mais quels changements nous y découvrirons ! Tel de ces vieux arbres sera mort et tel autre de ces jeunes sera devenu énorme ; tout sera méconnaissable ; mon successeur sera sans doute moins miséricordieux que moi pour les pauvres plantes que