Aller au contenu

Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mettre dans ce milieu, s’en fabriquer au moins un, en connaissant les affidés du Diabolisme qui nous cerne ; — car l’état d’âme est en somme identique, et si les opérations diffèrent, le but est le même. Et, la fixant bien en face, jugeant que l’histoire de l’enfant l’avait amollie, il mit toute voile dehors et l’aborda.

— Ah ! si votre mari voulait se dessaisir des renseignements qu’il possède sur le chanoine Docre !

Elle demeura immobile mais ses yeux s’enfumèrent. Elle ne répondit pas.

— Il est vrai, que Chantelouve qui se doute de notre liaison…

Elle l’interrompit. — Mon mari n’a rien à voir dans les rapports qui peuvent exister entre vous et moi ; il souffre évidemment lorsque je sors, ainsi que ce soir, car il sait où je vais ; mais je n’admets aucun droit de contrôle, ni de sa part, ni de la mienne. Il est comme moi libre d’aller où bon lui semble. Je dois tenir sa maison, veiller à ses intérêts, le soigner, l’aimer en dévouée compagne, cela je le fais et de grand cœur. Quant à s’occuper de mes actes, cela n’est pas son affaire, pas plus à lui, du reste, qu’à tout autre…

Elle dit cela d’un ton décidé, d’une voix nette.

— Diable ! fit Durtal, vous restreignez singulièrement le rôle d’un mari, dans un ménage.

— Je sais que ces idées ne sont pas celles du