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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/99

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n’étaient pas d’abominables hypocrites, dit Carhaix.

— L’on peut aussi ajouter que l’hypocrisie et l’orgueil sont les plus formidables vices des mauvais prêtres, appuya Durtal.

— Enfin, reprit des Hermies, tout se sait, en dépit des plus adroites précautions, à la longue. Je n’ai parlé jusqu’ici que des associations sataniques locales ; mais il en est d’autres, plus étendues, qui ravagent les Deux Mondes, car — et cela est bien moderne — le Diabolisme est devenu administratif, centralisateur, si l’on peut dire. Il a maintenant des Comités, des Sous-Comités, une sorte de Curie qui réglemente l’Amérique et l’Europe, comme la Curie d’un Pape.

La plus vaste de ces Sociétés dont la fondation remonte à l’année 1855, c’est la Société des Ré-Théurgistes Optimates. Elle se divise, sous une apparente unité, en deux camps : l’un, prétendant détruire l’univers et régner sur ses décombres ; l’autre, rêvant simplement de lui imposer un culte démoniaque dont il serait l’archiprêtre. Cette société siège en Amérique où elle était autrefois dirigée par Longfellow qui s’intitulait grand prêtre du Nouveau Magisme Évocateur ; elle a eu, pendant longtemps, des ramifications en France, en Italie, en Allemagne, en Russie, en Autriche, jusqu’en Turquie.