Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/121

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Forcément, l’époque où nous vécûmes le plus près de Dieu, le Moyen Age, devait suivre la tradition révélée du Christ et s’exprimer dans un idiome symbolique lorsqu’il s’agissait surtout de parler de cet Esprit, de cette Essence, de cet Être incompréhensible et sans nom qu’est notre Dieu. Il usait en même temps, par ce procédé, d’un moyen pratique pour se faire entendre. Il écrivait un livre accessible aux incapables, remplaçait le livre par l’image, instruisait de la sorte les ignorants. C’est, d’ailleurs, la pensée qu’émet le synode tenu à Arras en 1025 : « Ce que les illettrés ne peuvent saisir par l’écriture, doit leur être enseigné par la peinture. »

En somme, le Moyen Age traduisit, en des lignes sculptées ou peintes, la Bible, la théologie, les vies de Saints, les évangiles apocryphes, les légendaires, les mit à la portée de tous, les récapitula en des signes qui restaient comme la moelle permanente, comme l’extrait concentré de ses leçons.

— Il enseigna aux grands enfants le catéchisme, avec les phrases lapidaires de ses porches ! s’écria Durtal.

— Oui, c’est aussi cela. — Maintenant, reprit l’abbé après un silence, avant d’aborder le symbolisme architectural, il nous faut poser en principe que ce fut Notre Seigneur, lui-même, qui le créa, lorsque, dans le deuxième chapitre de l’Evangile de saint Jean, il cita le temple de Jérusalem, affirmant que si les Juifs le détruisaient, il le rebâtirait en trois jours et désigna expressément, par cette parabole, son propre corps.

C’était montrer aux générations à venir la forme que devaient, après le supplice de la croix, adopter les nouveaux temples.