Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/122

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Ainsi s’expliquent les dispositions cruciales de nos nefs ; mais nous étudierons plus tard l’intérieur des Eglises ; examinons, pour l’instant, le sens qu’avèrent les parties externes des Cathédrales.

Les tours, les clochers, s’envisagent, d’après la théorie de Durand, évêque de Mende au XIIIe siècle, ainsi que les prédicateurs et les prélats, et leurs sommets sont l’anagogie de cette perfection que cherchent à atteindre, en s’élevant, ces âmes. Suivant d’autres symbolistes, tel que le pseudo Saint Méliton, Evêque de Sardes et le Cardinal Pierre de Capoue, les tours représentent la Vierge Marie ou l’Eglise veillant sur le salut des ouailles.

Un fait certain, poursuivit l’abbé, c’est que la place des clochers n’a jamais été établie, une fois pour toutes, au Moyen Age ; l’on pourrait donc imaginer de nouvelles interprétations, selon l’endroit qu’ils occupent ; mais l’idée la plus ingénieusement délicate, la plus exquise, n’est-elle pas celle de ces architectes qui, à Saint-Maclou de Rouen, à Notre-Dame de Dijon, à la Cathédrale de Laon, à la Cathédrale d’Anvers, par exemple, dressèrent au-dessus du transept de la Basilique, c’est-à-dire au lieu même où gît dans la nef la poitrine du Christ, un lanternon exhaussant encore la voûte et se terminant souvent, au dehors, en une longue et fine arête sortant, en quelque sorte, du cœur même de Jésus, pour jaillir, en un élan, jusqu’au Père, pour filer, comme dardée par l’arc du toit, en une flèche aiguë jusqu’au ciel ?

Ainsi que les édifices qu’elles surmontent, ces tours sont presque constamment situées sur une hauteur qui domine la ville et elles répandent autour d’elles, de même qu’une semence dans la terre des âmes, les notes