Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/239

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Anne, en nous confiant maint épisode du mariage de la Vierge et de Joseph, tiré de l’Evangile de la Nativité de sainte Marie et du protévangile de Jacques le Mineur.

Au reste, tous les sanctuaires d’antan employèrent ces légendaires et aucune Eglise n’est lisible, quand on les néglige.

Ce mélange d’Evangiles réels et de fabliaux n’a d’ailleurs rien qui étonne. En refusant aux Evangiles de l’Enfance, de la Nativité, de Saint Thomas l’Israélite, de Nicodème, au protévangile de Jacques le Mineur, à l’histoire de Joseph, de leur reconnaître une certitude canonique, une origine divine, l’Eglise n’a pas entendu les rejeter en bloc et les assimiler à des fatras d’illusions et de mensonges. Malgré certaines de leurs anecdotes qui sont pour le moins ridicules, il peut se trouver en effet, dans ces textuaires, des indications exactes, des récits authentiques que les Evangélistes, si sobres de renseignements, n’ont pas jugé à propos de nous dire.

Le Moyen Age n’était donc nullement hérésiarque, en accordant à ces livres purement humains une valeur de fictions vraisemblables, un intérêt de mémoire pieux.

En somme, reprit Durtal qui était arrivé devant les portes sises entre les deux tours, devant le porche Royal de l’Occident, en somme, cet immense palimpseste, avec ses 719 figures, est facile à démêler si l’on se sert de la clef dont usa, dans sa monographie de la Cathédrale, l’abbé Bulteau.

En partant du clocher neuf et en longeant la façade jusqu’au clocher vieux, l’on feuillète l’histoire de Notre-Seigneur narrée par près de deux cents statues, perdues dans les chapiteaux. Elle remonte aux aïeux du Christ,