Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/375

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

venait, en songeant aux exorbitantes macérations, aux épouvantables pénitences qui avaient exténué ce corps et labouré les traits douloureux et ravis de cette face.

Cette peinture dérivait évidemment de l’âpre et de la terrible mystique de Saint Jean de la Croix ; c’était de l’art de tortionnaire, le delirium tremens de l’ivresse divine, ici-bas ; oui, mais quel accent d’adoration, quel cri d’amour, étouffé par l’angoisse, jaillissaient de cette toile !

Quant au XVIIIe siècle, il n’y avait même pas à s’en occuper ; ce siècle fut une époque de bedon et de bidet et, dès qu’il voulut toucher au culte, il fit d’un bénitier une cuvette.

Dans le moderne, il n’y a non plus rien à chercher ; les Overbeck, les Ingres, les Flandrin furent de blêmes haridelles attelées à des sujets de commande pieux ; dans l’Eglise Saint-Sulpice, Delacroix écrase tous les peinturleurs qui l’entourent, mais son sentiment de l’art catholique est nul.

Et il en est de même de ceux de nos artistes contemporains qui peignent indifféremment des Junon et des Vierges, qui décorent, tour à tour, des plafonds de palais et de cabarets et des chapelles ; la plupart n’ont pas la foi et, à tous, le sens de la mystique manque.

Il n’y a donc pas à se soucier, ici, de ces intermittents, pas plus qu’il n’y a à tenir compte des plaisanteries intéressées et des panneaux pour gobe-mouches des Rose-Croix, pas plus encore qu’il n’y a même à noter la petite imagerie fabriquée par de jeunes roublards ou de bons jeunes gens qui se figurent qu’en dessinant des femmes trop longues ils sont mystiques.

En restreignant alors nos recherches aux spécialistes