Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/417

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David l’accouple au dragon qu’on foule aux pieds ; et, dans sa première Epître, saint Pierre le montre rugissant, en quête d’un chrétien à dévorer.

De même pour l’aigle que Hugues de Saint-Victor institue l’étalon de l’orgueil. Choisi par Brunon d’Asti, par saint Isidore, par saint Anselme, pour commémorer le Sauveur pêcheur d’hommes, car il fond du haut du ciel sur les poissons nageant à fleur d’eau et les enlève, l’aigle, déjà classé, par le Lévitique et le Deutéronome, parmi les bêtes impures, se mue, en sa qualité même d’oiseau de proie, en un simulacre du Diable, emportant, pour les déchiqueter, les âmes.

En résumé, tout fauve, tout volucre féroce, et tout reptile est un avatar du Très-Bas, conclut Durtal.

Passons au Tétramorphe. Les animaux évangéliques sont connus.

Saint Matthieu qui développe le thème de l’Incarnation, précise la généalogie humaine du Messie, a pour signe caractéristique l’homme.

Saint Marc qui s’occupe plus spécialement de la thaumaturgie du Fils, qui s’étend moins sur sa doctrine que sur ses miracles et sur la Résurrection, a pour attribut le lion.

Saint Luc qui traite plus particulièrement des vertus de Jésus, de sa douceur, de sa patience, de sa miséricorde, qui s’arrête plus longuement sur son immolation, est armorié par le bœuf ou par le veau.

Saint Jean qui promulgue avant tout la divinité du Verbe est blasonné par l’aigle.

Et l’acception donnée au bœuf, au lion, à l’aigle, est en parfait accord avec la forme et le but personnels de chacun de ces Evangiles.