Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/486

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la nef. Son corps fluide s’effuse en une robe candide de flammes, rayée de cannelures, côtelée, ainsi que la jupe de la fausse Berthe. Son visage a une blancheur qui se nacre et la chevelure, comme tissée par un rouet de soleil, vole en des fils d’or ; Elle est l’Epouse du Cantique : « Pulchra ut luna, electa ut sol . » La basilique où Elle réside et qui se confond avec Elle, s’illumine de ses grâces ; les gemmes des verrières chantent ses vertus ; les colonnes minces et frêles qui s’élancent d’un jet, des dalles jusques aux combles, décèlent ses aspirations et ses désirs ; le pavé raconte son humilité ; les voûtes qui se réunissent, de même qu’un dais, au-dessus d’Elle, narrent sa charité ; les pierres et les vitres répètent ses antiennes ; et il n’est pas jusqu’à l’aspect belliqueux de quelques détails du sanctuaire, jusqu’à cette tournure chevaleresque rappelant les Croisades, avec les lames d’épées et les boucliers des fenêtres et des roses, le casque des ogives, les cottes de maille du clocher vieux, les treillis de fer de certains carreaux, qui n’évoquent le souvenir du capitule de Prime et de l’antienne de Laudes de son petit office, qui ne traduise le « terribilis ut castrorum acies ordinata », qui ne relate cette privauté qu’Elle possède, quand Elle le veut, d’être « ainsi qu’une armée rangée en bataille, terrible ».

Mais Elle ne le veut pas souvent ici, je crois ; aussi cette cathédrale est-elle surtout le reflet de son inépuisable mansuétude, l’écho de son impartible gloire !

— Ah ! vous, il vous sera beaucoup pardonné, parce que vous L’aurez beaucoup aimée, s’écria Mme Bavoil.

Et, Durtal se levant pour prendre congé, elle l’embrassa affectueusement, maternellement, et dit :