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Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/68

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leurs contours se mélangent déjà et les liesses de l’ogive, en tout cas, y naissent.

Là, ce n’est plus ainsi qu’à Notre-Dame la Grande de Poitiers, la façade romane, minuscule et festonnée, flanquée, à chaque aile, d’une courte tour surmontée d’un cône pesant de pierre, taillé à facettes comme un ananas. A Paray, la puérile décoration et la lourde richesse de Poitiers ne sont plus. La robe barbare de ce petit joujou d’église qu’est Notre-Dame la Grande, est remplacée par le suaire d’une muraille plane ; mais l’extérieur ne s’atteste pas moins singulièrement imposant, avec la simplesse solennelle de ses formes. Ne sont-elles pas admirables ces deux tours carrées, percées d’étroites fenêtres, dominées par une tour ronde qui pose si placidement, si fermement, sur une galerie ajourée de colonnes unies par la faucille d’un cintre, un clocher tout à la fois noble et agreste, allègre et fort ?

Et l’auguste simplicité de cet extérieur d’église se répercute dans l’intérieur de ses nefs.

Là pourtant, le Roman a déjà perdu son allure souffrante de crypte, son obscure physionomie de cellier persan. La puissante armature est la même ; les chapiteaux gardent encore l’enroulement des flores musulmanes, le fabuleux alibi des contours assyriens, le rappel des arts asiatiques transférés sur notre sol, mais déjà le mariage des baies différentes s’opère, les colonnes s’efforcent, les piliers se haussent, les grands arcs s’assouplissent, décrivent une trajectoire plus rapide et moins brève ; et les murs droits, énormes et déjà légers, ouvrent, à des altitudes prodigieuses, des trous ménagés de jour.